J'ai arrêté de boire pendant un mois

J'ai arrêté de boire pendant un mois

Témoignages

Photos Getty Images

Texte Pierre A. M'Pelé

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Journal d'un mois d'abstinence (ou presque).

Pierre A. M'Pele, l'un de nos contributeurs, a décidé d'arrêter de boire pendant un mois. Ceci est le récit d'un mois de tentations, de cocktails sans alcool et de bénéfices réels.

Intrigué par l’idée de “Dry January” chère aux Britanniques, je me suis porté volontaire pour tester les bienfaits d’un mois de janvier sans alcool. L’objectif de cette mission ? Consommer moins d’alcool, et pas du tout si possible. Pour recalibrer mon corps et ma tête après les fêtes de fin d’année, notamment.

Avant toute chose, un peu de contexte : je suis rédacteur de mode masculine, et janvier est sans doute le pire mois pour s’abstenir de boire de l’alcool, puisque c’est le mois des Fashion Week. Un mois où se succèdent les invitation à des fêtes et, logiquement, les tentations. Voici mon journal, semaine par semaine.

Première semaine : un début difficile

Au lendemain du 31 décembre, je me réveille à Paris alors que commence mon mois d’abstinence. L’alcool est alors la dernière chose à laquelle je pense. Le champagne de la veille encore présent dans mon organisme et un léger mal de tête me tourmentent toute la journée.

Très vite, en voyant les semaines de la mode masculine et leurs soirées open bar où le champagne coule à flot arriver à grand pas, un sentiment d’inquiétude m’envahit. Aller aux soirées mode fait partie du job, donc les éviter est inenvisageable. « Je peux le faire, » me dis-je, « il suffira d’y rester très peu de temps et de m’éclipser avant que tout le monde passe au deuxième verre ».

Dans le trajet du retour vers Londres, je jette un regard critique à mes compagnons de wagon qui, gin-tonic à la main, commencent l’année légèrement enivrés. Cet agacement est sans nul doute dû à mon envie de les rejoindre et de trinquer avec eux. Je me contente d’un jus d’orange, avec la pulpe.

La semaine de la mode masculine Londonienne, durant laquelle les créateurs présentent leur collection pour l’automne 2018, arrive. Je décide alors de me mettre au café, imaginant la caféine comme une bonne alternative à l’alcool. N’étant pas grand connaisseur, mon choix se porte sur le caffè mocha qui mêle chocolat chaud, mousse de lait, et écume de lait à la vanille au traditionnel expresso. Tout se passe très bien jusqu’au dernier jour de la semaine, où, invité à la soirée d’un créateur anglais, je craque : trois gin-tonic plus tard, je rentre chez moi, honteux, mais heureux. Ça commence mal.

Deuxième semaine : un plan d’action qui fonctionne

La mode et ses tentations s’étant rendues à Milan, je reprends courage - et confiance. Je décide de changer d’approche et développe une stratégie en deux points. Cette semaine, je décide de me barricader chez moi le plus possible, solution drastique mais qui me permet de passer plus de temps à écrire et à planifier projets et rendez-vous professionnels. Au bout de trois jours, je me rends compte de l’absurdité de cette hibernation forcée, et passe au deuxième volet de ma tactique. À partir de maintenant, je refuse de dîner au restaurant, et privilégie les déjeuners, qui eux, ne sont pas susceptibles de se terminer par un « on va prendre un verre vite fait avant de rentrer ? ».

Si, lorsque je leur ai fait part de ce défi, mes amis se sont révélés sceptiques, un autre à qui je confiais être en plein Dry January a décidé de m’inviter au bar du restaurant Redemption de Londres. Croyez-le ou non, cet endroit n’offre que des cocktails sans alcool, ou softails. L’idée, étonnante, a le vent en poupe, puisque ce genre d’établissement existe également, notamment à Paris (j’ai entendu parler de Cozette, dans le 18ème arrondissement).

Bien aidé par cette découverte, la deuxième semaine se passe bien, et j’en sors victorieux. Je commence à associer ma fatigue ponctuelle qui s’allie souvent à des étourdissements et oublis à la consommation d’alcool. En effet, depuis le début du mois, je me sens beaucoup mieux et mon niveau d’énergie est à nouveau au plus haut. Le tout sans avoir eu besoin de m’inscrire aux Alcooliques Anonymes. Encourageant.

Troisième semaine : rendez-vous en terrain glissant

Je me rends compte que ma bonne performance de la deuxième semaine risque d’être ombragée par une nouvelle semaine de la mode, cette fois-ci à Paris. Je songe à adopter un nouveau stratagème. Et si je louais une voiture ? Celui qui conduit ne boit pas, en aucune circonstances, aucune ! Ainsi, je pourrais dire non aux tentations de la nuit sans la moindre hésitation. Le hic ? Je n’ai pas le permis de conduire.

Il me faut une autre solution. Je me dis donc que le meilleur moyen de réussir cette semaine est de ne pas penser à l’abstinence. Pour me donner raison, je me remémore la thèse d’Aristote sur la pensée et le désir (pour ceux qui ont mal écouté les cours de philosophie, le penseur grec affirmait dans son ouvrage Métaphysiques que le désir est dépendant de la pensée qui l’engendre).

Plus facile à dire qu’à faire : dans la semaine, je suis invité à deux soirées le même soir. Lorsque des demi-bouteilles de Moët & Chandon vous sont offertes à maintes reprises, la probabilité de refuser poliment décroît rapidement : dans la première soirée, je cède à la tentation avant de m’extirper de cette situation. C’est alors que je me rends à l’autre soirée. Et là, rebelote.

Après ce double accroc, je passe le reste de la semaine à réhydrater mon corps à raison d’une bouteille et demi d’Evian par jour.

Quatrième semaine : une fin en fanfare

Après ce petit échec parisien, je rentre à Londres. Là-bas, je ne bois pas une goutte d’alcool de la semaine. Au contraire, j’étanche ma soif avec de l’eau aromatisée faite maison, et découvre une demi-douzaine de nouveaux thés et infusions. Alors que les températures baissent dramatiquement, l'expérience est même très agréable.

Ce “Dry January” finit donc en beauté, et je constate que s’abstenir (malgré quelques accrocs) de boire de l’alcool a eu des effets positifs sur mon bien-être : j’ai plus d’énergie et mon sommeil est de meilleure qualité.

Des bénéfices (déjà) visibles

Après un mois, j’ai déjà l’impression que mon corps est débarrassé des effets néfastes de l’alcool. Les premiers résultats sont flagrants : une baisse de mon taux de cholestérol ravit mon cardiologue. Mon entourage, lui, remarque une meilleure humeur, certainement car je dors beaucoup mieux. Ce sevrage m’a également permis de perdre les deux kilos pris pendant les fêtes, car l’alcool contient pas mal de calories (il faut compter à peu près 120 pour un verre de vin, et 140 environ pour un bière blonde classique).

De plus, l’absence d’alcool dans mon régime a aidé mes cellules épidermiques à se régénérer plus rapidement ; ma peau est du coup beaucoup plus saine. Enfin, ma mémoire et mes capacités intellectuelles me semblent renforcées – ce qui m’a permis de me remettre à jouer aux échecs. Une activité bien plus saine que les verres en terrasse.

Si vous n’avez pas fait de Dry January, et souhaitez profiter des bénéfices de ce mois de répit, je vous encourage à tenter au moins un mois sans alcool cette année, peu importe lequel. Commander un cocktail sans alcool, pour les habitués de l’apéro, offre une satisfaction personnelle certaine.

Pour un corps sain