5 hommes nous racontent comment ils ont vaincus leurs complexes

5 hommes nous racontent comment ils ont vaincus leurs complexes

Témoignages

Photos Captures d’écran Period Studio

Texte La rédaction de Horace

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Sujet souvent tabou chez les hommes, les complexes occupent pourtant l’esprit de plusieurs d’entre nous. Selon une étude du cabinet YouGov, 25% des hommes français disent en avoir au moins un. Corps considérés comme trop maigres, cuisses trop massives, teint de peau… 5 hommes nous parlent des leurs et nous disent comment ils les ont surmontés. <i>Sur la photo, à gauche Mathieu, à droite Yohan</i>.

Yohan

“Le fait que je sois mince, ça m’a toujours un peu complexé, surtout à l’adolescence. On voit vachement mes clavicules et mes os. Plus jeune, j’étais dans des classes où les gens étaient assez athlétiques, on faisait beaucoup de sport. On allait souvent à la piscine par exemple. Et, c’est vrai que les moments où on y allait, j’essayais de me mettre à l’écart, de me cacher. J’avais alors vachement de réflexions de la part de mes camarades : “Ah faut que tu manges plus… T’es anorexique… On dirait un squelette. Les complexes masculins sont assez tabous. C’est quelque chose d’assez caché. Il y a beaucoup de pression qui vient de la société sur ce que doit être le corps parfait d’un homme. Si j’avais un conseil à donner à des garçons plus jeunes que moi : il faut être courageux, prendre sur soi et ça finit par passer.”

Mathieu

“J’ai beaucoup souffert de mon manque de virilité. Je me rappelle dans la cour d’école, je voyais tous mes amis qui étaient un peu “fittés”, qui faisaient du sport, et j’étais un peu en dehors de ça. Je n’étais pas “dans la norme”. Après je suis gay, donc je pense que j’avais toute une partie de moi qui se cherchait à ce moment-là. Je me sentais différent des autres garçons. Il y a plusieurs choses qui ont été des déclencheurs pour pouvoir m’accepter comme j’étais. Il y a déjà le fait d’avoir “réussi” socialement à faire le métier que je voulais faire. Je me suis construit tout seul sans l’aide de personne. Je pense qu’il y a aussi les rencontres qu’on fait dans la vie. J’ai eu des relations plutôt longues avec mes compagnons et ce sont des gens qui ont été super importants pour moi, car j’ai vu à travers leurs yeux que j’avais de l’intérêt et que je n’étais pas résumé à mes complexes.

Jean-Baptiste

“J’ai eu un parcours assez classique : j’étais assez costaud ado, puisque je pesais 83 kgs pour 1m70 à 14 ans. J’ai subi les moqueries de mes camarades. J’ai donc longtemps eu du mal à m’accepter, d’autant plus que j’ai beaucoup galéré avec mon poids étant adulte - j’en perdais, puis le reprenais avec intérêts. Dans les médias, il y a un culte du corps très fort, c'est dur quand tu as des complexes. Suite à une rupture très difficile, j’ai décidé de me reprendre en main : c’est passé par prendre soin de ma peau, me mettre à la musculation et me faire tatouer. C’était pour reprendre le contrôle de mon corps. Les efforts que je fais aujourd’hui, je les fais pour moi. J’ai appris à me défaire du regard et du jugement des autres à ce niveau-là. J’ai vu une psy qui m’a beaucoup aidé à remettre les choses en perspective. J’ai longtemps enchaîné les régimes, mais ils avaient tendance à me frustrer, et je craquais en mangeant n’importe quoi. Aujourd’hui, je fais surtout attention à mes calories ingérées, mais je me permets de manger de tout. Aujourd'hui, je me transforme petit à petit. Ça passe par la réappropriation de mon corps, par le fait de m'être débarrassé de mon acné, et par le fait d'oublier le regard des autres et de faire les choses pour moi.”

Clément

“Aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours su que j’étais différent en étant albinos. Ça m’a longtemps complexé. Né en Corée du Sud, j’ai été adopté à 10 mois par un couple français. J’ai grandi à la campagne, dans le nord de la France, où les autres enfants me trouvaient bizarre à cause de mes cheveux blancs, et j’ai commencé à trouver leurs propos violents vers l’âge de 8 ans. Dès le collège, je me suis mis à me teindre les cheveux en blond, pour mieux me fondre dans la masse, mais ça n’y changeait presque rien, les gens continuaient de me dévisager pour essayer de déceler ce qui clochait chez moi, se demandaient pourquoi je portais autant mes lunettes de soleil, si je portais des lentilles colorées ou me teignais les cheveux parce que je n’assumais pas d’être asiatique : j’étais alors extrêmement complexé, timide, et réservé. À partir du lycée, j’ai commencé à davantage jouer avec mon apparence, en particulier au niveau des fringues. Une fois en école de mode, je ne passais toujours pas inaperçu mais on me scrutait positivement pour mes vêtements, et non pour se moquer de mon physique. À partir de là, je me suis mis à m’éclater niveau style et avec mes cheveux, à les boucler, les teindre en vert, en bleu, en roux, et le blond fraise m’allait franchement bien (rires). À un moment, au lieu de me cacher, je me suis dit “YOLO” et me suis progressivement réconcilié avec mon apparence. J’ai pris le pouvoir sur l’image que je renvoie aux autres : je choisis la couleur de mes cheveux, leur forme, mon parfum, un look en accord avec ma personnalité et mon humeur. Après avoir été autant critiqué, moqué, et dévisagé, prendre soin de moi relève presque de la revanche saine, on peut presque dire que ça me soigne intérieurement.”

Christophe

“Au lycée, j’ai pris 30 centimètres en un an au cours de mon année de seconde, et je ne prenais pas de poids malgré tout ce que je pouvais manger : j'étais grand, et maigre. Les moqueries venaient de mes amis surtout, pour me chambrer plus que dans une vraie optique de bullying. Ce qui fait que je ne me sentais pas vraiment complexé. Aujourd’hui, honnêtement, tout ce délire du healthy est hyper pesant. On a parfois l'impression que si tu ne cours pas de marathons, tu passes à côté de ta vie. L'esprit sain dans un corps sain est un mantra positif mais on est parfois proche d’un diktat du muscle et de la forme assez lourd quand on est grand et maigre, sans particulière passion pour le sport, mais j'ai décidé que l'esprit saint, c'était surtout d'être bien dans son corps sans se soucier de ça.”

Propos recueillis par les rédactions de Horace et de Period Studio