Comment le port du masque a changé mon rapport à la barbe Comment le port du masque a changé mon rapport à la barbe

Comment le port du masque a changé mon rapport à la barbe

Témoignages

Photos D.R.

Texte Anthony Vincent

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Chef de cuisine formateur de 38 ans, Jean portait une grosse barbe aux fourneaux jusqu’à ce que la pandémie impose le port du masque. Il nous explique comment il a adapté sa routine. L’occasion de faire le point sur la perception de la barbe en milieu pro.

Sans la blouse blanche et la toque, Jean aurait tout l’air d’un hipster barbu et tatoué comme il se doit : “Cela fait des années que je porte une barbe longue d’au moins un mois, voire six semaines. Afin d’avoir bien l’air professionnel pour le travail, je la rabote régulièrement pour qu’elle ne paraisse jamais hirsute. Avant la pandémie, je laissais indéfiniment pousser ma moustache et ne taillais que ce qui dépassait sur la bouche, histoire de manger proprement quand même.”

Contre la barbe, le masque glisse et peut former des mauvaises odeurs

Sauf que depuis le Covid et le port du masque, il a dû revoir son régime pileux à la baisse : “Comme je suis chef de cuisine formateur, je passe mon temps à parler à mes élèves, m'essouffle plus vite avec le masque, qui frotte et glisse contre les poils. Puisque je travaille toute la journée dans la chaleur de la cuisine, je transpire beaucoup. Alors en plus de ne pas être très pratique, la moustache provoquait des problèmes d’hygiène puisqu’elle garde l’odeur de la transpiration sous le masque. Pour couronner le tout, certains poils sous le masque rebiquaient dans mon nez, ce qui me chatouillait désagréablement, voire me faisait éternuer. Alors je suis passé d’une grosse barbe à une barbe courte d’1 cm maximum partout. Y compris au niveau de la moustache, ce qui m’a rendu un peu triste.”

La barbe masquée, c’est un terrain d’expression et d’amusement en moins

Pour Jean qui perd ses cheveux, avoir sa barbe et sa moustache cachées sous un masque, c’est un terrain d’expression et d’amusement en moins : “Tant que le port du masque sera recommandé pour des raisons sanitaires, je vais sûrement garder ma barbe à 1 cm. Ma moustache ne me manque pas encore, mais j’ai quand même hâte de pouvoir de nouveau m’amuser avec. Car je n’ai pas beaucoup de cheveux, alors c’est devenu un autre terrain de jeu. Raccourcir tout ça a aussi changé ma routine de soins. Avant la pandémie, j’avais différentes crèmes et huiles pour nourrir, sculpter et parfumer ma barbe. Maintenant, mon hydratant visage suffit à nourrir mes poils et la peau en dessous. En vrai, je n’économise qu’une quinzaine de secondes, donc je n’ai pas l’impression de gagner du temps. Mais juste de perdre un peu en amusement.”

À noter que la barbe n’est pas formellement interdite dans toutes les cuisines : cela dépend du standing des restaurants, du pays et de l’époque, notamment. Mais elle serait de mieux en mieux tolérée d’après Jean : “Pendant longtemps, la barbe faisait mauvais genre en cuisine. Même si elle tend à être mieux acceptée aujourd’hui, elle continue à être assez mal vue pour des questions d’hygiène. Le plus important, c’est d’avoir le cou propre : bien délimiter à ce niveau donne d’emblée l’impression d’une barbe bien entretenue. A fortiori avec les masques aujourd’hui : avoir la ligne du cou bien rasé, c’est un peu la seule chose qu’on peut donner à voir désormais.”

Que dit la loi sur le port ou l’interdiction de la barbe en milieu pro ?

Si beaucoup des chefs stars d’aujourd’hui portent la barbe, ce n’est pas forcément le cas de leurs équipes, surtout celles amenées à servir les assiettes à la clientèle. Un devoir de neutralité uniforme s’impose souvent dans les établissements de luxe, par exemple. C’est pourquoi barbes et moustaches sont souvent interdites dans les écoles de cuisine, afin de se former aux codes les plus stricts possibles.

Après l’école, les cuisines déploient leurs propres règles, comme n’importe quelle autre boîte. Justement, dans les entreprises de plus de 20 salariés, un règlement intérieur doit être édité, et peut alors affirmer l’interdiction de la barbe ou de la moustache.

Sinon, l’article L1121-1 du code du travail stipule une certaine marge d’expression personnelle : “Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché.”

Autrement dit, si un directeur intente un litige contre une barbe sans que cela ne soit formellement stipulé dans le règlement intérieur, ce sera à l’appréciation du juge de trancher. Les éventuelles reproches de clients peuvent alors jouer en la défaveur d’un employé, car ils prouveraient une forme de préjudice commercial. Mais ce sera au cas par cas. Et tout peut donc se jouer à un poil près.

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