2 hommes nous parlent de leur perte de cheveux précoce et du rapport à leur calvitie 2 hommes nous parlent de leur perte de cheveux précoce et du rapport à leur calvitie

2 hommes nous parlent de leur perte de cheveux précoce et du rapport à leur calvitie

Témoignages

Photos Instagram / DR / Capture d’écran Period

Texte Paul-Arthur Jean-Marie

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Au début de leur vingtaine, Hugo et Missak (de gauche à droite sur l’image) ont commencé à perdre leurs cheveux. Ils nous racontent leur expérience.

Hugo, conseiller en communication et marketing, 26 ans

“J’étais assez jeune quand j’ai commencé à perdre mes cheveux, autour de 21 ans. J’avais les cheveux longs à la Justin Bieber, donc ça a mis un peu de temps avant de se voir vraiment. C’est assez drôle d’ailleurs, on ne le voit pas arriver : je n’ai jamais eu de touffe de cheveux qui tombait tout d’un coup dans le lavabo de la salle de bain. Tu constates juste que tes tempes se dégarnissent assez rapidement. Les remarques ont tout de suite fuser au sein de ma famille car on me comparait à mon père. J’entendais : “eh bah, c’est héréditaire, tu as les cheveux de ton père”. Dès que je ne pouvais plus vraiment cacher ma calvitie naissante avec de plus longs cheveux et que de toute façon le résultat ne me plaisait plus, j’ai pris les devants.

Pour moi, la seule solution était de me raser les cheveux. J’avais l’occasion parfaite en plus : je partais pour pour travailler l’été dans le sud de la France. Je me suis dit que vu que je ne connaissais personne là-bas, autant mieux tout enlever sur mon crâne pour “repartir de zéro”. Les gens ne pourront pas me comparer à une image précédente de moi. Je crois que c’est de cette façon que je l’ai bien vécu très tôt. J’ai aussi essayer de voir les aspects positifs : autour de moi - mes proches comme des personnes que je venais de rencontrer - m’ont toujours dit que j’avais un beau crâne. Aujourd’hui, j’en rigole, je le prends à l’auto-dérision et ça évite les moqueries auxquelles tu peux faire face de temps à autre. Je suis tellement habitué à avoir les cheveux rasés que je ne me supporte pas avec de la repousse de quelques jours par contre. Sinon, je le vis vraiment bien au quotidien si bien que pas mal de garçons que je connais sont venus me demander des conseils pour bien vivre leur calvitie. Et je ne peux que leur partager mon expérience.”

Missak, auteur et producteur, 35 ans

“Un jour, je suis chez la coiffeuse, et elle me dit : “tiens, c’est un peu plus clairsemé là”, en pointant une partie de mon crâne. Sur le coup, je me dis que ce sont des balivernes. Je suis dans le déni. En fait, à ce moment-là, tu te dis “je suis trop jeune pour perdre mes cheveux. Si moi je ne le vois pas, rien ne se passe”. Sauf qu’effectivement, tu perds bel et bien tes cheveux au fur et à mesure. J’avais entre 23 et 25 ans. Pendant 10 ans, ça a été un complexe, je le vis bien depuis un an. Mon premier réflexe a été de porter une casquette ou un bonnet tout le temps. J’attendais juste le bon moment pour faire une opération ni vu ni connu d’implants capillaires. Sauf qu’en fouillant un peu, je me suis rendu compte que tu dois la refaire souvent et surtout ça coûte une blinde.

Il y a eu plusieurs facteurs à ma prise de recul par rapport à ma calvitie. Un peu plus tard dans ma vingtaine, j’ai commencé à prendre un peu plus soin de ma santé. J’ai arrêté la cigarette, je me suis mis au sport. Puis, je me suis retrouvé dans un accident de voiture assez grave. J’en suis sorti indemne mais traumatisé. J’ai eu une révélation et me suis dit que j’allais prendre le contrôle sur des éléments de ma vie que je pouvais effectivement contrôler. Perdre mes cheveux n’en était pas un, mais je pouvais être maître de la façon dont je l’abordais et aussi capitaliser sur d’autres aspects de mon physique. Donc je me suis rasé le crâne. Un moment décisif : ma participation à l’émission sur Youtube Entre Mecs en novembre 2019, où des hommes viennent parler de leurs parcours, de complexes et de masculinité. J’ai été contacté par le créateur et je savais qu’il voulait qu’on touche à la question de la calvitie. J’ai réfléchi longtemps et j’ai décidé d’y aller sans casquette. C’était la première fois que je le faisais devant des gens que je ne connaissais pas. J’ai tellement eu de retours positifs et bienveillants après la publication de la vidéo.

La calvitie en tant que telle, je pense que je ne l’accepte pas encore complètement. Je vois davantage ce qu’il y autour : le fait que je sois grand, je fais attention à ma barbe. Surtout, je me suis détaché de la peur du regard des autres même si ce n’est pas facile. Je me dis qu’en apprenant à l’assumer, les autres ne font même plus attention. J’insiste vraiment : je n’aurais jamais cru il y a dix ans que je pourrais me balader dans la rue sans casquette. Et je n’ai plus envie de faire des implants.”