Dans la routine de Matteo Verzini Dans la routine de Matteo Verzini

Dans la routine de Matteo Verzini

Entretiens

Photos Franck Jessueld

Texte Matthieu Morge-Zucconi

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Le photographe et éditeur parle cheveux longs, skate et essentiels du quotidien.

Au cours de la cinquantaine de portraits que nous avons déjà réalisé pour Horace, nous avons vu beaucoup d’appartements. D’emblée, en entrant chez Matteo Verzini, 25 ans, on a envie de lui décerner deux titres : tout d’abord, celui de la plus belle bibliothèque (logique, puisqu’il est éditeur), et celui de la meilleure bougie d’ambiance (Byredo, Ambre Japonais, nous explique-t-il). Mais ce n'est pas tout : l'homme a aussi une routine bien ficelée, qu'il nous fait découvrir.

Que fais-tu dans la vie, Matteo ?

Pas mal de choses, à vrai dire ! J’ai 25 ans et j’habite à Paris dans le 10ème arrondissement. Je partage mon temps entre l’édition, la photographie et la vidéo. Je travaille depuis deux ans chez Classic Paris, une maison d’édition indépendante de livres d’art. Nous avons ouvert une librairie il y a un an dans le 2ème arrondissement avec nos publications et une sélection d’ouvrages en rapport avec nos éditions. J’ai récemment co-fondé avec mon ami Étienne Vergier mon propre projet d’édition, 1991. On édite des fanzines en édition limitée, imprimés chez nous avec une photocopieuse Xerox et un duplicopieur, pour un rendu brut, DIY.

Comment organises-tu tes semaines, avec toutes ces casquettes ?

Je travaille à mi-temps chez Classic. J’y suis trois jours par semaine, avec des horaires plutôt flexibles. J’ai mes lundi et vendredi libres, et le week-end, ce qui me laisse du temps pour travailler sur mes autres projets.

Tu fais beaucoup de vidéo et de photo ?

J’ai fait une école de cinéma et j’ai un diplôme de monteur, ce qui m’a permis d’avoir une formation théorique et technique assez complète. Aujourd’hui en vidéo, je fais surtout des jobs commerciaux et parfois de la direction artistique. J’ai découvert la photo tardivement, c’est quelque chose que j’ai toujours fait spontanément en photographiant mes amis et avec le temps ça devient de plus en plus professionnel. C’est mon lien direct avec l’édition, j’achète énormément de livres de photo.

Comment ta passion pour les livres est-elle venue, justement ?

Je suis arrivé aux livres à travers la littérature rock, Lester Bangs, Jean-Jacques Schuhl, Yves Adrien et Alain Pacadis. En 2007, c’était dur de trouver du Pacadis, même les rééditions étaient épuisées. Il fallait chiner et j’y ai pris goût en même temps que j’achetais des disques. Plus tard je me suis replongé dans la culture skate et j’ai découvert la photo avec Ari Marcopoulos et Larry Clark. À un moment donné tout se croise et prend du sens, et c’est comme ça que j’ai commencé à collectionner.

Du coup, lorsque tu travailles sur tes projets personnels, tu travailles de chez toi ?

Je suis vite distrait chez moi, je préfère travailler dans des bureaux ou chez les gens avec qui je collabore. Quand j’ai le temps j’aime bien travailler sur mon téléphone et répondre à mes mails à la terrasse d’un café. À la maison je suis toujours rattrapé par autre chose.

Comment ça se passe, une journée classique ?

J’ai la chance de pouvoir me lever tard, vers 10h30. Je me douche, je me brosse les dents, je m’habille, un peu de parfum, et c’est parti ! Je prend un café ristretto, car je suis italien, sur la route en allant au bureau. Je ne suis pas trop du matin, j’aime travailler tard, et je peux me coucher vers 2 ou 3h du matin sans problème. L’ambiance de la nuit m’apaise et m’aide à me concentrer.

Tu me parlais de parfum, tu portes quoi ?

J’ai porté Pour Un Homme de Caron pendant 10 ans, mais je viens de changer pour Straight To Heaven de Kilian. J’aime bien les senteurs assez raffinées, et je suis assez fidèle en parfums, comme pour tous les produits en fait. Quand je trouve un bon produit, j’aime le garder. Un essentiel me suffit pour chaque chose. J’ai un peu une névrose avec les objets (rires), même en vêtements.

Du coup, dans tes essentiels, on a quoi ?

En vêtements, un jean brut Levi’s Vintage Clothing, des t-shirts blancs Fruit Of The Loom, des vestes variées, dont une que je porte justement aujourd’hui, qui est une vieille veste en jean Levi’s de la fin des années 60, et des Converse. Pour les produits, c’est pareil, j’ai longtemps cherché. Maintenant je suis fidèle à vos produits et à votre sélection de marques.

Comment tu as commencé à t’intéresser aux produits, du coup ?

Je pense qu’à partir du moment où tu fais attention à ce que tu achètes, à tes vêtements ou à tes meubles, tu fais forcément attention à ça. Ça fait sens, aussi, avec ma volonté de trouver des objets précis, qui me correspondent. Je me suis attaché à quelque chose d’esthétique et de qualitatif chez vous, et j’ai développé un sentiment d’appartenance : vous êtes une marque française, de bon goût, et ça me parle.

Tu utilises quels produits ?

Le nettoyant, l’hydratant, tous les jours, et le masque et l’exfoliant, 1 fois par semaine. J’alterne avec l’éponge selon le moment et si je suis pressé ou pas : l’éponge me prend un peu moins de temps. J’ai aussi un shampoing et un après-shampoing pour cheveux secs, et une pommade Baxter que je mets quand mes cheveux prennent un mauvais pli !

Les cheveux longs demandent souvent beaucoup d’entretien, tu as un secret ?

Ça fait trois ans que j’ai les cheveux longs comme ça, mais même avant je n’ai jamais eu les cheveux courts. C’est à cause du skate et rock ça (rires), et aussi aux mauvais coiffeurs que j’ai pu rencontrer dans ma jeunesse ! J’essaye de me laver les cheveux le moins souvent possible, et de préférence le soir, 1 à 2 fois par semaine. Parfois moins, mais ça, je ne devrais pas le dire ! Et je me coiffe avec les mains, jamais de brosse. Mon secret c’est shampoing, après-shampoing, une nuit de sommeil !

Et sinon, tu fais du sport ?

Pas du tout. Le seul sport que j’ai pratiqué c’est le skate. J’ai arrêté il y a longtemps et essayé de reprendre plusieurs fois mais c’est toujours difficile et frustrant… Quand t’es au collège et que tu te casses le bras avec lequel t’écris, c’est cool et t’es content. À 25 ans, c’est un peu plus compliqué ! Je marche beaucoup, c’est mon sport.

Pas mal de gens nous parlent du sport, et de comment ça leur permet de couper du travail. Comment tu fais, toi, pour segmenter vie personnelle et vie professionnelle, du coup ?

J’ai un peu de mal en fait, je suis quelqu’un d’assez stressé et parfois je ne ressens pas le besoin de déconnecter. Après, j’ai beaucoup de chance, je vis de ma passion, ma vie professionnelle et ma vie personnelle se croisent, le travail peut être un moment de détente, et pendant mon temps libre je peux trouver de l’inspiration, découvrir des choses ou faire des rencontres qui vont me servir professionnellement.

Comment tu vois le futur ? Dans une librairie à toi ?

Dans l’idée, ouvrir une librairie, c’est un très beau projet. Mais c’est compliqué, très compliqué même ! J’ai envie de continuer à faire des choses différentes, sans vraiment me fermer de portes.


Les produits de Matteo Verzini