Dans la routine de Mathieu Lebreton

Dans la routine de Mathieu Lebreton

Entretiens

Photos Camille Denoix

Texte Matthieu Morge-Zucconi

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Portrait entre Paris et Los Angeles du fondateur de Daaamn.

Nous rencontrons Mathieu Lebreton à Paris, dans un café du 3ème arrondissement. L’homme, constamment entre Los Angeles, où il réside, et la capitale, est en ville pour quelques jours. « Je couvre la Fashion Week pour Thom Browne », nous explique-t-il. Ce matin-là, il prend un peu de temps pour nous raconter son quotidien.

« Je ne saurais pas vraiment dire ce que je fais, en fait ». En bon touche à tout, Mathieu Lebreton a plusieurs casquettes. Sur sa carte de visite, il a opté pour un titre original : « touriste », s’amuse-t-il. Cela correspond en fait assez bien aux multiples activités de Mathieu, à la fois photographe, consultant, entrepreneur. « Le gros de mon activité, aujourd’hui, c’est un studio de création que j’ai fondé en juin avec mon meilleur ami ». Du consulting et de la production (de photos, d’évènements, et même de textile) sont au programme, depuis Los Angeles.

Le chemin professionnel de Mathieu commence tôt, il y a plus de dix ans. À Paris. « J’étais très intéressé par les nouvelles technologies, donc j’ai suivi un cursus au Pôle universitaire Léonard de Vinci en marketing et management, avec une spécialisation multimédia », raconte-t-il. En même temps, il lance sa propre entreprise, et son blog, Materialiste. Nous sommes en 2004. « C’était les balbutiements des réseaux sociaux ». Au cours de sa troisième année d’études, il est invité par L’Oréal pour le lancement d’un parfum Diesel. Il y rencontre la directrice de la communication. C’est le début de sa carrière professionnelle : « j’ai rejoint son équipe, et travaillé sur des lancements de parfum pour Viktor & Rolf, Maison Martin Margiela, et Diesel, qui appartenaient tous au même groupe ». Il est alors responsable social media, à l’heure où ce titre n’est pas encore aussi développé qu’aujourd’hui. « C’est vrai que c’est bien plus répandu aujourd’hui qu’à l’époque ».

Intérieur

« Le principe était surtout de traiter avec des blogueurs, à une époque où ils étaient beaucoup moins professionnels qu’aujourd’hui », raconte Mathieu. De là lui vient une idée, qu’il réalise en 2008 : créer sa propre agence, Ykone. « L’idée était alors d’être l’intermédiaire entre les blogueurs et les marques ». Un succès. « Après une première levée de fonds, qui a réuni notamment Arthur et le PDG de BNP-Paribas, nous en avons fait une seconde, de 2 millions ». Ykone ouvre un bureau à New York, et compte, entre l’agence et son site éditorial (« on le voyait comme une sorte d’encyclopédie de la mode »), 60 salariés. L’aventure s’arrête en 2013, suite à un désaccord personnel et professionnel avec son associé.

« J’avais besoin d’une pause : j’ai donc voyagé et pris beaucoup de photos, pour le plaisir surtout ». Il les diffuse sur un site qu’il a créé en 2008 et qui constitue une sorte de journal de bord : Daaamn. Aujourd’hui encore, il y refuse la monétisation, ou bien de sponsoriser des articles. Peu après, il décide de réaliser un rêve qu’il entretenait depuis longtemps : celui de déménager aux États-Unis.

Détails

Il rejoint Los Angeles en décembre 2014, d’abord dans le but de créer un concept store français. « Une sorte de boutique de souvenirs, avec le meilleur des produits français ». Un projet en suspens, mais toujours en vue. « Aujourd’hui, nous menons, avec mon meilleur ami, Spring Summer Studio ». Studio de création, de consulting, de production, donc. Son premier client est la marque de cuir de bison Parabellum. Une belle rencontre professionnelle, confie Mathieu. « Ce qui ne devait être qu’une mission de consulting s’est transformé en job à temps plein, puisque j’ai même des parts dans la société ». La marque vient d’ouvrir un nouvel espace à Los Angeles. À côté, donc, il mène toujours des projets photos avec des marques de mode : « je réalise les images social media sur les défilés hommes pour Thom Browne et Lanvin ».

La routine de Mathieu, elle, varie, selon qu’il soit à Los Angeles ou à Paris. « À LA, j’ai l’impression de vivre beaucoup plus sainement », explique-t-il. Là où aux États-Unis il est adepte d’un réveil très matinal, vers 7h30, Paris est plus difficile. « Je me couche tard, je regarde des séries… Tout ce que je fais moins à Los Angeles ». Là-bas, la première chose qu’il fait le matin, c’est promener Médor, son beagle âgé d’un an. « Les gens m’arrêtent dans la rue, donc ça me prend quinze minutes, voire vingt. Il est très populaire dans le quartier ». Ensuite, vient l’heure du petit déjeuner, un smoothie lait d’amande, lait de coco, gingembre, fruits rouges, et fève de cacao, ainsi qu’un porridge. « Je lis alors les infos parisiennes, et consulte mes différents réseaux sociaux ». Tout cela se fait sur son balcon, exposé plein est. « J’y vois le lever du soleil comme nulle part ailleurs, puisque j’ai une vue dégagée ». Normal, au 18ème étage.

Produits

Ensuite, l’homme fonce sous la douche, où il reste fidèle aux produits Baxter of California. « Je suis fan depuis longtemps, et utilise quasiment toute leur gamme, du gel douche au nettoyant visage, en passant par le masque ou même le rasoir de sûreté, même si je ne me rase pas souvent ». En effet, de l’aveu même de Mathieu, le rasage lui fait perdre dix ans. Il préfère donc un rasoir électrique, utilisé sporadiquement. « Je porte souvent un bonnet ou une casquette, mais sinon, je me coiffe avec la Clay Pomade, ou la Hard Water ». Baxter, toujours. Niveau parfum, l’homme est adepte de Dior, mais pas seulement. « J’utilise Bois d’Argent et Eau Noire de Dior en hiver, et l’Eau Chic d’Astier de Villate ou la Cologne Royale de Guerlain en été, car j’aime ce qui est citronné, les nuances d’agrumes ».

The Verve

« Je vis à Downtown LA car je souhaitais vivre en appartement et ne voulais pas spécialement de maison ; je cherchais aussi une position centrale, pour ne pas conduire tout le temps ». Compréhensible, dans une ville immense où l’automobile est reine et où les habitants passent environ 50 heures par an coincé dans les embouteillages. Là-bas, Mathieu mène une vraie vie de quartier, avec Médor comme fidèle compagnon. « On fait une deuxième sortie dans la matinée, d’une quarantaine de minutes, dans cette partie du quartier qui explose, avec de nombreuses boutiques ». Et un stop à The Verve, son café fétiche. « Soit je commence à travailler de là-bas, soit j’y bois un Iced Coffee avant de rentrer travailler ».

Attablé

Il faut dire que généralement, Mathieu travaille à domicile, ou chez Parabellum, non loin de Melrose Avenue. « Pour m’y rendre, c’est soit en vélo, soit en Uber : je suis un gros fan de vélo, mais depuis que j’ai Médor, mes 10kms quotidiens se sont un peu faits oublier ». Le cyclisme à LA est un exercice périlleux, en raison du trafic dense, avoue Mathieu, même si c’est plus simple à Downtown, un quartier à échelle humaine.

Le vélo n’est pas le seul sport que pratique Mathieu. « Mon meilleur ami et associé est très sportif, il me motive bien de ce côté-là », avoue-t-il. Deux fois par semaine, il se rend avec lui à la boxe, dans un club au sud de Downtown, le City of Angels Boxing, que fréquente le chanteur Usher. « C’est très physique, et je m’y rends vers 11h30 lorsque je travaille l’après-midi ». Il court également, à Silver Lake, un quartier du nord-est de la ville.

Vélo

« C’est plus difficile car il fait très chaud, donc c’est peu appréciable, mais j’essaye de m’y tenir : trois fois par semaine, je m’y rends, un peu forcé ». Grâce à ses horaires plutôt souples, Mathieu peut se permettre de voguer entre les activités. S’il confie aisément que le sport l’attire moins à Paris qu’à LA, il avoue aussi aisément manger plus correctement à Los Angeles. “Je dirais que l’environnement est plus adapté à ce genre de style de vie - tout le monde est un peu “healthy”, en Californie”.

Voyageur invétéré, parfois insaisissable lorsqu’il s’agit d’organiser un shooting chez lui, Mathieu Lebreton semble bien installé à Los Angeles, où il a ses habitudes et ses repères, loin de la capitale. Le tout très bien documenté sur Instagram, où l’homme est très actif, avec plus de 100 000 followers.

Photos : Camille Denoix

Les produits de la routine matinale de Mathieu Lebreton