Dans la routine de Jordan Henrion Dans la routine de Jordan Henrion

Dans la routine de Jordan Henrion

Entretiens

Photos Victoria Paterno

Texte Matthieu Morge Zucconi

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Le directeur de création parle soin en avion, importance de l'apparence dans les industries créatives et influenceurs.

Il y a quelque chose de vertigineux à regarder le téléphone de Jordan Henrion s’éclairer toutes les trente secondes avec des notifications Instagram. À 27 ans, le directeur de création chez Ykone, agence spécialisée dans le marketing d’influence et le digital, est ce qu’on appelle un influenceur. 53 000 personnes, chaque jour, likent ses tenues, ses photos de vacances et ses inspirations. C’est chez lui, dans le 10ème arrondissement de Paris, qu’il nous a reçus pour parler créativité, vêtements et importance de l’image dans l’industrie créative.

Jordan, peux-tu te présenter et me raconter ce que tu fais dans la vie ?

Je m’appelle Jordan, j’ai 27 ans, je suis directeur de création chez Ykone, une agence de marketing digital. On s’occupe d’imaginer les campagnes digitale et influenceurs de marques de luxe, mode, beauté. Ce job a beaucoup changé en 5 ans : au début, on travaillait avec des bloggers. Ensuite, on a travaillé avec des gens qui avaient beaucoup de followers sur Twitter, puis avec des gens qui avaient beaucoup de followers sur Instagram. Aujourd’hui, tout le monde a beaucoup de followers sur Instagram, donc on travaille avec tout le monde (rires) ! Ça peut être des stars du foot, des mannequins…

Depuis combien de temps exerces-tu dans ce domaine ?

Je travaille chez Ykone depuis 5 ans. Mais le marketing d’influence, j’ai commencé à en faire à 16 ans. À l’époque, j’avais un MySpace star (rires) : j’avais fait des photos, des campagnes American Apparel notamment, et je partageais ça sur les réseaux sociaux. Ensuite, de 19 à 21 ans, j’ai un peu arrêté pour me concentrer sur mes études de droit. Je suis ensuite venu à Paris après une escale à Stockholm, et c’est comme ça que je me suis lancé dans ce domaine. Avant Ykone, j’ai travaillé aux Éditions Jalou, puis chez Kenzo.

De ton côté, tu es très suivi sur les réseaux sociaux. Tu participes également à des campagnes d’influence ?

Oui, même si je le fais moins qu’avant. Comme je travaille en agence, je dois éviter les conflits d’intérêt ! Je garde quelques contrats, avec des marques qui ne travaillent pas avec des agences pour cette branche de leur communication, comme Louis Vuitton. J’ai observé que les gens, et donc les marques, cherchent un nouveau profil d’influenceurs : ils cherchent une vraie vie, un lifestyle, quelque chose de plus que des simples photos de tenues.

Au quotidien, quel est ton rôle chez Ykone ?

Mes missions quotidiennes sont de prendre les briefs des marques et à partir d’un produit raconter une histoire sur les réseaux sociaux. Du coup, il s’agit d’imaginer comment le contenu va vivre sur les réseaux sociaux, les formats… On fait également des recommandations stratégiques pour la diffusion du contenu. Il faut jongler entre le côté créatif et le côté plus data : ce qui est bien avec ce que l’on fait, c’est que tous les résultats peuvent être mesurés. Cela permet de savoir si une campagne a performé, et c’est un vrai avantage par rapport à une publicité classique.

À quelle heure débute ta journée ?

Je commence tard ! Je fais plus ou moins ce que je veux avec les horaires. C’est important car mon boulot, je le vis 24h sur 24. Mon entourage est composé de gens qui travaillent dans des marques, ou qui sont des “influenceurs”. Les gens qui travaillent dans mon équipe sont des amis. Du coup, je peux me permettre d’arriver tard, car je n’arrête jamais vraiment ! Je suis au bureau vers 10:30, 11:00.

Cette liberté, c’est ce qui te permet d’être performant dans ton job ?

Oui. Mon travail, c’est de trouver des idées, la bonne narration. Une idée peut survenir à tout moment, et elle ne viendra pas forcément plus facilement parce que je suis assis à un bureau de 8:00 à 18:00 ! Je travaille énormément depuis mon iPhone, en fait. 80% de mon travail pourrait être fait depuis mon téléphone : je vois beaucoup d’images, je découvre de nouveaux talents. J’ai une utilisation très pro de mon téléphone : même mon Instagram est professionnel. Sauf quand je poste une story en soirée à 4 heures du matin !

Tu es assez exposé sur les réseaux sociaux, travailles dans une industrie créative… L’image et l’apparence, c’est important pour toi ?

On travaille dans un métier où les gens adorent les gens beaux, dans un milieu assez superficiel. L’apparence y est très importante. C’est assez instinctif : quelqu’un qui a une apparence agréable, ça te donne envie d’investir dessus. C’est un atout, une porte d’entrée. Tu vois, si je bosse sur un projet et qu’un collaborateur s’habille un peu comme moi, je me dis qu’on va se comprendre, que je n’aurai pas besoin de le briefer pendant des heures.

Tu prêtes une attention particulière à tes vêtements, du coup ?

Les vêtements, c’est un peu ce qui te cache. Certains se laissent happer par les vêtements. Personnellement, j’aime pas le vêtement too much, je préfère de beaux classiques : un beau pull en cachemire, un duffle coat Burberry, un Barbour, un jean APC, la bagagerie Rimowa ou Vuitton. Le vêtement, c’est pas le plus important : je trouve qu’avoir une belle peau, fraîche, c’est hyper important. C’est ce qui fait que tu as l’air sain.

Justement, comment prends-tu soin de ta peau ?

Je teste beaucoup de choses ! Je fais aussi attention à ce que je “mets” à l’intérieur de mon organisme que sur ma peau. Je prends des cachets de spiruline, qui améliorent le teint, et de la levure de bière. C’est très bon pour les cheveux et la peau - j’ai les cheveux et la peau assez fins, donc c’est très important ! Pour ma peau, j’utilise le nettoyant et l'exfoliant Horace, ou une émulsion aux acides qui nettoie le visage de Biologique Recherche. Ça laisse la peau très fraîche. Je suis assez fainéant, plus de deux produits par jour, c’est trop ! J’utilise aussi le masque à l’argile Horace, que j’aime beaucoup. Il a une odeur naturelle, ce qui me convient bien car je n’aime pas quand il y a du parfum. Je n’en porte aucun ! Sinon, j’aime beaucoup les gels douche, et notamment celui à la fleur d’oranger !

Tu voyages beaucoup pour le travail. Comment gères-tu les vols répétés ?

Honnêtement, ça me tue la peau ! Une copine m’a parlé d’un masque à l’oxygène, j’ai envie de tester. Physiquement, je mets toujours une semaine à me remettre d’un voyage. L’air de l’avion m’abîme la peau. Je fais des masques, comme ceux de Dr. Jart, que j’achète aux États-Unis. Je pense que c’est illégal ce qu’ils y mettent : quand tu l’enlèves, tu as une peau de bébé, c’est impressionnant (rires) !

Tu fais beaucoup de sport ?

Je n’aime pas spécialement ça. L’hiver je ne fais rien, et à l’approche de l’été, je passe à la diète et je vais chez Dynamo faire du cycling trois fois par semaine. Je fais tout avec excès, jamais de mesure ! Dynamo, c’est très cool pour les gens qui veulent faire du sport en s’amusant. Il y a une bonne ambiance, c’est très amical, il y a tout le temps quelqu’un que je connais ! J’aime pas trop être seul, donc ça me convient parfaitement.

Tu me disais que tu travaillais beaucoup depuis ton téléphone et que des idées pouvaient venir tout le temps : comment parviens-tu à couper du travail, du coup ?

Je rentre chez mes parents. C’est le seul endroit sans pression sociale. Ils vivent dans une petite ville en Allemagne. Je le fais régulièrement, parfois même au milieu de la semaine. Paris, parfois, peut donner le tournis : c’est hyper agréable d’avoir des choses à faire tout le temps, mais c’est parfois fatigant. Je ne me plains pas : j’ai des contraintes minimes au travail et quand je vais au bureau, je vois des potes. J’ai parfois besoin de recul mais je ne suis pas quelqu’un de stressé : tout ce qui est trop contraignant, qui me dérange, je l'oublie !

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