Dans la routine de Dorion Fiszel

Dans la routine de Dorion Fiszel

Entretiens

Photos Victoria Paternò

Texte Matthieu Morge-Zucconi

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Le DJ et producteur parle thé japonais, réveil tardif et fête sans alcool.

Dorion Fiszel est un drôle d’oiseau de nuit : DJ et producteur, il est la tête pensante derrière certains disques de M. Heureux possesseur de plusieurs alpagas à la campagne, c’est pourtant à Paris, dans le 18ème arrondissement, qu’il nous a reçus pour parler fête lorsqu’on ne boit pas, pinte de bière matinale et réveil à 14:00.

Je m’appelle Dorion, 32 ans, célibataire, amoureux-passionné de musiques, DJ depuis tout petit qui s'est au fil du temps improvisé producteur, compositeur, réalisateur de disques. J'y ai ajouté depuis quelques apparats plus ou moins clinquants, comme des lunettes un peu fumées, une chaîne en or qui brille, des costumes de sapeurs et des souliers de pimp qui ont plus de succès que moi en soirées.

Dans la vie, je kiffe. Mais je kiffe grave. Mes magiques routines actuelles sont: - me donner complètement à la reine de nos régions Corine; un travail commun aussi bien sur sa musique que sur la direction artistique globale du projet. Je suis son producteur véreux, en somme. Elle est ma lumière peroxydée, le phare de mon port d'Alexandrie de ces trois dernières années. Le fait qu'elle m'ait contacté à la genèse de ce fantasme afin que je l'aide à le réaliser à ses côtés est un énorme cadeau.

Je développe également une nouvelle soirée, "Je T'aime", rendez-vous discoïde du jeudi dans cette chapelle baroque décrépie qu'est le Rouge Pigalle, où petit à petit il commence à se passer quelque chose ; une main tendue honnête et féérique, comme s'il était enfin possible de se couper radicalement de nos réalités et atteindre un monde libre, totalement amoureux le temps d'une soirée. J'y mixe quasiment toute la nuit, épaulé de muses, créatures absolument puissantes, telles que Madame Ette & Melissa Witt, l'illustratrice Lavinia Jullien, la performeuse Sam Quealy, mais aussi Le Filip et sa bande de dragqueens de la LIPSTRIP, donnant des shows aussi drôles que sensibles pour faire entracte à nos sueurs du dancefloor. Le tout, tenu par l'incroyable gang trio du Rouge, Sifu, Tao & Moet.

Je suis devenu DJ et producteur en écoutant Fatboy Slim, Michael Jackson, Alan Braxe, Daft Punk, Cut Killer ont été maîtres de mon émancipation à la fin des années 90/début 2000. C'est particulièrement avec Brad Thomas Ackley puis Matthieu Chedid avec qui j'ai fait mes armes de producteur musical. Ceci s'est même soldé par un album et particulièrement une chanson rigolote sortie en 2012 : Mojo.

Les journées de travail standard n'existent pas dans la manière dont j'ai construit ma vie, heureusement. Chaque journée est très différente. Selon la nécessité d'aller en studio dans la journée ou non, si je mixe le soir même dans une fête ou si j'ai mixé la veille. Une chose est sûre, c'est que je ne ramasse pas, car zéro clopes, boisson, herbe ou cocaïne. J'adore surtout buller au lit pour méditer sur tout, et surtout sur rien.

Je me réveille entre 10:00 et 14:00 avant de prendre un thé Genmaicha, du gingembre, du curcuma, des noix de cajou, une banane, et une grosse pinte de Kro. Évidemment.

J'utilise régulièrement la crème naturelle matifiante à la figue de barbarie pour m'hydrater le visage après la douche, dans laquelle je me suis évidemment savonné avec le gel douche au cèdre de Virginie et ses arômes mystiques.

Pour rester frais en lendemain de soirée, je vis la tête dans les airs sans stupéfiants, en aimant profondément donner du plaisir et m'en donner aussi, en me ménageant pour cultiver ma joie d'enfant, et surtout, je bois l'inévitable pinte de Kro du matin.

Je voyage énormément pour le travail, de Los Angeles à Thionville, je suis désormais bilingue Cali-Lorrain.

Mon "travail" est en soi une déconnexion; faudrait-il que j'apprenne à me déconnecter de cette déconnexion? Ai-je même envie de ça ? Ou peut-être, suis-je tout simplement bien connecté à moi-même ?

Je faisais beaucoup d'exercice physique et m'alimentais pour gonfler mon corps frêle et complexé d'ex ado squelettique. Je me suis depuis calmé, et pratique humblement du jogging ou de la marche le weekend pour essorer l'éponge énergétique que je suis en semaine. Ou bien je vais courir avec mes alpagas dans le terrain de mes parents à la campagne en écoutant radio DEJA VU à fond, la web radio de ma maman.

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