L'assistant créatif et bras droit de Marc Jacobs nous guide dans sa matinée.
Lorsque nous arrivons chez Dan Sablon, dans le 11ème arrondissement de Paris, l’homme semble remarquablement frais, d’autant plus qu’il confesse sans honte avoir eu une courte nuit. Il faut dire que peu importe les péripéties rencontrées la veille, sa routine se veut réglée comme du papier à musique : pour Horace, il la raconte.
Dan Sablon travaille dans la mode. Depuis deux saisons, il est l’assistant créatif de Marc Jacobs et son bras droit. Il travaille entre New York et Paris - selon la localisation du créateur - sur l’élaboration de visuels pour les vêtements et défilés de la marque.
Sa formation, pourtant, n’a pas grand chose à voir avec ce qui est devenu son métier : s’il a fait une année d’école de mode, suite à laquelle il est entré comme stagiaire chez Marc Jacobs à New York, Dan Sablon a suivi 4 ans d’études de gestion et de finance à la Sorbonne. La mode, à l’époque, se voulait principalement un échappatoire à un certain ennui scolaire : en marge d’études qui ne le passionnaient que peu, Dan participait au stylisme sur des shootings et travaillait dans des boutiques avant de donner sa chance à cette passion.
Aujourd’hui, les journées de Dan sont chargées, et son réveil sonne à la même heure, qu’il soit à New York ou à Paris. Dans les périodes les plus intenses, en préparation de défilés par exemple, il se lève entre 7h45 et 8h30, au plus tard. L’homme, d’ailleurs, n’est pas adepte de la grasse matinée : même le week-end, il se réveille avant 10 heures. « Dès qu’il fait jour, j’ai besoin de faire des choses, de profiter de ma journée ».
Dan ne se presse pas. Au réveil, il passe une vingtaine de minutes à consulter son téléphone. E-mails, messages, Facebook, informations : tout y passe. Son vrai rituel, nous explique-t-il, c’est s’informer : « les jours les plus tranquilles, je peux même y passer une heure ». « J’aime passer du temps sur Instagram, je fais beaucoup de captures d’écran qui vont m’aider, à un moment ou un autre, pour mon travail, mais aussi l’application du Parisien ». Ce temps de latence, d’information, lui est indispensable pour bien démarrer la journée.
« Une fois réveillé, je saute directement dans la douche ». Il y passe 15 minutes, au cours desquelles il utilise un de ses multiples savons liquides Dr Bronner. Dan confie ne pas avoir de parfum préféré : au contraire, il aime en changer selon les saisons et son humeur. « L’hiver, je vais opter pour le parfum Eucalyptus, qui donne l’impression d’être en forêt, tandis que l’été, ce sera plutôt le Peppermint, très frais ». En ce moment, il opte par le parfum rose : « nous vivons une saison un peu intermédiaire : ce n’est ni le grand froid, ni vraiment doux, donc la rose convient bien ». Son obsession remonte à loin. « À Los Angeles, j’avais une colocataire très « healthy », adepte du kale et du quinoa, qui a commencé à utiliser ça pour se laver, elle, mais aussi sa vaisselle, et j’y suis resté fidèle pour les odeurs », s’amuse-t-il.
La salle de bain de Dan est remplie de produits choisis avec soin, et incroyablement bien organisée : « j’en ai besoin pour être efficace dans ma routine, il y a un vrai souci de temps ». Il est par exemple un fidèle de Marvis, et de son dentifrice au réglisse : « auparavant, j’utilisais celui au jasmin, mais je m’en suis lassé ». L’homme, s’il marche par obsessions, teste souvent de nouveaux produits. En matière de shampoings, par exemple, il a pour habitude de tester les échantillons qui lui sont offerts dans l’hôtel new-yorkais où il séjourne.
« J’ai la peau sèche, donc depuis que je suis né, j’applique du Mixa Bébé ». Là est la base de sa routine grooming. « J’aime aussi beaucoup un produit, qui n’existe plus, de Kiehl’s, le Facial Fuel No-Shine Hydrator », un hydratant matifiant. « J’achète tout en double, afin d’en avoir en permanence dans ma trousse de toilette et ici à Paris, comme je voyage beaucoup », nous explique-t-il. Indispensable, s’il ne veut pas se retrouver en panne d’un produit à New York ou ailleurs.
« Ensuite, je m’habille, certainement le moment le plus difficile de la journée ». Dan nous confie volontiers que l’entreprise peut prendre une minute, comme une heure. Choisir les chaussures qu’il va porter, par exemple, peut se révéler un sacerdoce : « je peux hésiter trente minutes durant entre cinq paires de chaussures blanches - différentes, bien sûr ! ». L’indécision, parfois, le pousse presque au retard, nous dit-il. « Je suis souvent pressé, alors que j’étais en avance au réveil ». Dan termine sa préparation par du parfum, et un savant mélange devenu signature : « je mélange l’eau de cologne Vetiver de Comme des Garçons et leur parfum Wonderwood ».
« Je ne traîne pas beaucoup chez moi le matin, je pars directement faire ce que j’ai à faire ». Peu de temps est accordé, par exemple, au petit déjeuner. S’il a faim, Dan mange des Oreo White Chocolate, son pêché mignon. Il confie toutefois que, la plupart du temps, il attend d’être au bureau pour petit-déjeuner en vitesse - s’il en prend un. « Le travail passe toujours avant. Parfois, je ne vais pas manger jusqu’au midi pour faire ce que j’ai à faire ».
Dan préfère se rendre au bureau, situé rue du Louvre, à pieds : « c’est le seul moment où je peux écouter ma musique ». Toutefois, il nous confie résigné que sa tendance au retard le pousse, la plupart du temps, à prendre le métro, du moins à Paris. « À New York, je ne loge qu’à une quinzaine de minutes du bureau, donc j’y vais toujours à pied ».
Une fois arrivé, la journée de Dan débute véritablement - et elle peut durer longtemps, surtout lorsqu’il s’adonne à son passe-temps favori, l’activité de DJ. Jusqu’au lendemain matin, 10h, au plus tard, donc.
Photos : Hugues Laurent