Dans la routine d'Antoni Calmon

Dans la routine d'Antoni Calmon

Entretiens

Photos Victoria Paterno

Texte Anthony Vincent

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Le médecin esthétique parle de la diversification de ses patients, du vieillissement de la peau, et de ses cheveux indomptables.

Dans une discrète rue du quartier de Pigalle à Paris, Antoni Calmon nous ouvre les portes de sa demeure avec jardin. Ce n’est pas le seul luxe que s’accorde le sémillant médecin esthétique de 33 ans, également passionné d’équitation, d’opéra et de châteaux. Au-delà des clichés, Antoni Calmon nous parle avec beaucoup d’humour et de bienveillance de ses patients, du premier facteur de vieillissement de la peau, et de sa solution pour maîtriser ses cheveux indomptables.

Est-ce que tu veux bien te présenter ?

Je m'appelle Antoni Calmon, j'ai 33 ans. J'ai grandi à Perpignan jusqu'à mes 18 ans. Après plusieurs années en région, j'ai fini mes études de médecine à 30 ans à Paris, et me suis aussitôt associé avec un médecin, le Dr. Dray, qui n'a rien à voir avec le rappeur (rires). C'est un pionnier de la médecine esthétique, très reconnu dans la profession, et il a même inventé le mesolift, un traitement de mésothérapie esthétique qui consiste à injecter un cocktail médical sur mesure en fonction de votre peau à base d’acide hyaluronique et d’antioxydants.

Qu'est-ce qui te plaît dans le fait de travailler en clinique ?

Grâce à ses cliniques à Londres et Paris, Dr. Dray a vraiment une réputation internationale, tout en gardant une approche très familiale. Même si on suit rigoureusement tous les protocoles en vigueur, on ne sent plus du tout le poids médical. Il y règne une bonne humeur permanente, et c'est très important : les patients s’y rendent parce qu'ils ont envie de prendre soin d’eux et d'aller mieux. Il a aussi une patientèle hallucinante qui couvre tout l'éventail social : des stars hollywoodiennes, des célébrités françaises, des femmes de ménage, des princesses du Moyen-Orient, des chefs d'entreprise...

Tu as toujours voulu être médecin esthétique ?

Quand j'étais petit, je voulais être vendeur de tickets de cinéma, jusqu'à ce que je réalise que ça ne voulait pas dire que je pourrais voir des films toute la journée (rires). Ensuite j'ai voulu être pilote de ligne, mais j'ai échoué aux tests physiques à cause d'un problème de vue. Je me suis tourné vers médecine sur les conseils d'une amie. J'ai un temps envisagé la chirurgie mais ça nécessitait trop d'années d'étude supplémentaires, et je trouvais quand même beaucoup plus sympa de parler avec des patients éveillés plutôt qu’endormis donc je me suis spécialisé en médecine esthétique. J'apprécie la dimension sociale et commerciale de ce métier : trouver de nouveaux patients, les mettre en confiance, les satisfaire, etc. J'adore également sa dimension scientifique et d’innovation : découvrir comment améliorer des techniques, voyager pour des congrès, faire de la recherche. C'est un challenge intellectuel et manuel perpétuel.

Tu es amené à beaucoup voyager pour ton métier ?

Oui, pour des congrès occasionnels, mais aussi de manière hebdomadaire car je travaille pour la clinique de Londres tous les mardis et mercredis. Je prends mon Eurostar le matin et rentre le lendemain soir. C'est très agréable d'avoir une double vie (rires).

Quelle est ta routine matinale ?

Je me réveille à 8h, je me brosse les dents, et me lave le visage avec de l'huile lavante corps Eucerin. J'applique ensuite un sérum à la vitamine C Skinceuticals, j'attends qu'il pénètre une trentaine de secondes, puis je mets ma crème solaire Anthelios XL Fluide ultra-léger de La Roche Posay indice 50. Elle ne laisse pas de traces blanches mais juste un fini mat et sec, donc elle est vraiment invisible. Je m'habille, prends mon scooter et pars à 8h15 pour le Polo, une écurie au Bois de Boulogne. J'arrive à 8h40, j'enfile ma tenue d'équitation qui m'attend là-bas, et rejoins Deep Blue, le cheval que je me suis offert pour fêter la fin de mes études. Il est très feignant donc dès qu’il me sent arriver, il se couche et enfouit sa tête sous la paille (rires). Je le monte pendant 45 minutes. Ensuite, je prends une douche, toujours avec de l’huile lavante, et refais le même petit rituel pour le visage, avant de me rendre en scoot en 5 minutes à la clinique qui se situe avenue Montaigne.

Tu mets religieusement de la crème solaire ?

J'en mets systématiquement car c'est ce qu'il y a de plus important : cela protège de la pollution, des méfaits du soleil et de la lumière. Le soleil est le premier facteur de vieillissement cutané : c’est ce qu’on appelle l'héliodermie. En plus, un soir sur deux après la douche, je mets moins d'un pois de Differin sur mon visage. C'est un médicament sur ordonnance sous forme de crème, un anti-acnéique local de la famille des rétinoïdes, donc c'est un peu comme de la vitamine A qui va avoir un léger effet peeling. Tu agresses juste ce qu'il faut ta peau pour l'inciter à mieux se régénérer. Cette technique du pompier-incendiaire est photosensibilisante donc j'ai d'autant plus intérêt à mettre une protection solaire le lendemain matin. J'ai aussi un flacon d'Anthelios à la clinique, d'ailleurs, au cas où je devrais en réappliquer.

Tu fais quoi pour tes cheveux ?

Mon cuir chevelu est un cas clinique. J'ai le cheveu raide sur une partie du crâne, bouclé sur une autre, et frisé sur la dernière. Mon coiffeur me fait donc un traitement assouplissant à base de kératine tous les mois. Ça permet d'uniformiser la texture de mes cheveux et d'être moins sensible à la météo. Je les lave deux fois par semaine avec un shampoing compatible au traitement à la kératine, puis je me coiffe avec du pento pour les nourrir un peu et leur donner un côté moins propre et plus brillant. Comme ils sont très épais à l’image d’un playmobil, ils tiennent vraiment tout seuls (rires). Juste après ma thèse, comme le stress m'avait fait perdre des cheveux, je me suis offert une injection de plasma pour revitaliser mon cuir chevelu.

Et pour ta barbe ?

Je la tonds tous les 15 jours environ. Je ne me rase que pour une patiente très âgée bien particulière, car si je ne le fais pas, je me prends systématiquement une réflexion de sa part : "Ça vous plaît, à vous, d'avoir l'air pas lavé ?" Elle me fait beaucoup rire.

Y a-t-il des actes de médecine esthétique que tu fais en tant que patient ?

Tous les deux mois, je fais un mésolift : sur le principe de la mésothérapie, on injecte par micro-piqûres dans la peau du visage un cocktail médical sur mesure à base d’acide hyaluronique et de nutriments antioxydants. Ça prend 10 minutes, la première fois on a vrai coup d'éclat, et les suivantes servent de traitement de fond pour optimiser la qualité de la peau sur le long terme. Je fais un petit peu de botox au niveau de mes rides d'expression deux fois par an : juste avant l'été car on a tendance à beaucoup froncer à cause du soleil et pendant l'hiver. Enfin, j'ai mis au point un cocktail maison d'acide hyaluronique et de calcium, dilués dans beaucoup de sérum physiologique afin de profiter du pouvoir d'induction de collagène du calcium sans avoir son effet volumateur car je n'ai pas de ride à combler. Je me l'injecte dans tout le visage une fois par an.

Pour entretenir tout ça, tu fais aussi des soins plus classiques à la maison ?

Deux ou trois fois par semaine, je me fais un gommage. Contrairement à ceux d'autres marques qui me laissent la peau tendue comme un tambour tant ils sont abrasifs, l'exfoliant Horace me laisse au contraire l'impression d'être hydraté. Comme il est nourrissant, il n'agresse pas la peau et l'empêche donc de surréagir en produisant encore plus de gras. Les soirs où je ne mets pas de vitamine A sur mon visage, j’applique des soins réparateurs comme la crème Cicabio de Bioderma ou la Eight Hour Cream d'Elizabeth Arden qui sont très gras donc ne me laissent pas très présentable. Autrement, si j'ai une soirée ou dois aller à l'Opéra par exemple, je mets l'hydratant matifiant Horace car il faut une belle peau.

Tu vas souvent à l'opéra ?

Je vais deux fois par mois à l'Opéra en moyenne. J'ai beaucoup d'amis qui travaillent dans ce milieu. Un jour, en 2013, une amie me faisait faire des vocalises pour se moquer de moi, et finalement elle m'a trouvé pas mal, donc depuis je prends des cours de chant lyrique pour m'amuser. Tous les samedis, c'est un baryton qui m'enseigne à l'Opéra Bastille. Je suis quelqu’un de très technique. Travailler ma voix, étudier comment mon corps fonctionne et produit des sons : tout cela me fascine. Ça me permet également de mieux comprendre les opéras que je vais voir en tant que spectateur. C'est hallucinant de voir comment ces chanteurs font pour faire résonner des scènes aussi grandes sans micro. Ils repoussent les limites du corps humain.

En parlant de limites, il t’arrive souvent de dire “non” à des patients qui voudraient aller trop loin ?

Leur dire "non" frontalement ne sert à rien, car ils vont juste partir et enchaîner les médecins jusqu'à ce qu'il y en ait un, peu scrupuleux, qui accepte de leur faire ce qu’ils demandent. Alors j'essaye plutôt de les convaincre de faire autrement. Si ça ne fonctionne vraiment pas, je vais leur faire ce qu'ils demandent car je sais que je vais le faire le mieux possible, avec les bons produits. Si ce patient revient, au bout de la troisième fois, quand le lien de confiance sera vraiment fort, je vais pouvoir être en mesure de lui dire "non" en sachant qu’ils le comprendront vraiment. Là je sais qu'il n'ira pas voir ailleurs.

Combien de patients vois-tu par jour ?

Après avoir pris le temps de répondre aux questions de précédents patients par message et checké le planning de la journée avec mon assistante, je reçois le premier patient à 11h. J'en vois entre 15 et 20 par jour et passe une trentaine de minutes avec chacun. Les actes en eux-mêmes durent très peu de temps, mais c'est parce qu'on prend le soin de beaucoup dialoguer. J'ai vraiment plaisir à faire des actes qui vont bien fonctionner : remplir un menton fuyant, combler une bosse sur le nez, ou lisser un front bossu.

Qui sont tes patients homme ?

Dans ma patientièle, je dois avoir 70% de femmes et 30% d'hommes. C'est généralement des chefs d'entreprise, des hommes haut placés ou qui travaillent dans les médias donc très exposés. Ils veulent un travail qui ne se voit pas mais leur donne l'air vraiment impeccable. On leur fait un peu de botox, un peu de vitamines, comble une petite ride qui les embête. J'ai aussi beaucoup de patients qui sont en train de refaire leur vie avec une partenaire plus jeune qu'eux. En fait, on ne peut plus dire qu’il y ait encore de profils types de patients, car la médecine esthétique devient plus accessible en terme de prix et fait beaucoup moins peur vu que le grand public comprend qu’on sait utiliser des produits facilement résorbables, notamment. Tous les hommes semblent globalement faire de plus en plus attention à leur image.

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