Alexandre Guarneri, fondateur d'Homecore

Alexandre Guarneri, fondateur d'Homecore

Entretiens

Photos Victoria Paterno

Texte Anthony Vincent

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Le fondateur d’Homecore parle hip hop, harmonie du corps, et crâne rasé au soleil.

Pieds nus, Alexandre Guarneri nous accueille dans l’appartement showroom d’Homecore dans le IIIe arrondissement de Paris. Rapidement, il nous fait nous sentir comme à la maison, à la différence près qu’un immense bout de tissu pend au-dessus de la cuisine. “Ça, c’est mon Gumjo, c’est un accessoire que j’ai inventé pour m’étirer n’importe où”, nous explique le designer, équilibriste à ses heures trouvées. Il nous parle hip hop, harmonie du corps, et importance de la protection du crâne au soleil.

Tu veux bien te présenter ?

Je m'appelle Alexandre Guarneri, j'ai 49 ans, et j'ai fondé la marque Homecore il y a 26 ans. Je suis né à Grenoble, j'ai passé une partie de mon enfance en Sicile, avant de passer mon adolescence en banlieue parisienne, en partie dans une caravane. Maintenant, je vis à Paris.

Qu'est-ce qui t'a motivé à créer Homecore ?

Le hip hop que j'ai découvert quand j'étais en 3e. Ce mouvement d'anciens membres de gang qui voulaient transformer l'énergie négative en positive et transmettre la bonne parole par la danse et la musique me passionnait. Comme je n'étais pas très dégourdi en danse, je me suis mis au graffiti, et j'ai rencontré à 17 ans Steph Cop qui était beaucoup plus doué que moi (rires). Ensemble, on a commencé à faire sérigraphier des graffitis sur des tee-shirts, c'était vraiment facile, et de fil en aiguille on a lancé Homecore.

Ça a tout de suite pris ?

Oui car le hip hop était en plein ébullition, grâce notamment au MC Sydney qui en diffusait sur Radio 7 et faisait danser le crew Paris City Breakers à la télé, sans compter les Zulu Party au Bataclan. Je faisais plein d'allers-retours aux États-Unis pour rapporter des baskets et d'autres vêtements en édition limitée afin de les revendre en France, mais comme c'était souvent trop baggy, on a vite commencé à créer des vêtements plus ajustés. Mon associé était très pote avec JoeyStarr qui portait beaucoup de Homecore, donc on a bien démarré. On est vite devenu la marque de référence du hip hop en France.

Pourquoi ça s'appelle Homecore ?

On voulait dire “un truc puissant, fait à la maison”. Si le nom est resté le même, sa signification a évolué. Aujourd'hui, "Homecore" renvoie à la voie du milieu, à une liberté d'être, le refus de la catégorisation entre Paris et banlieue, entre chic et streetwear. C'est une réflexion que j'ai entamée à la fin des années 1990 quand le hip hop a été récupéré commercialement pour devenir un stéréotype. Quand le streetwear a commencé à être perçu comme vulgaire au milieu des années 2000, Homecore avait déjà commencé à s'en émanciper.

Aujourd'hui, ta marque raconte quoi ?

Face à la récupération du hip hop par le système, nos vêtements parlent de stéréotypes et de préjugés. Par exemple, contre le cliché des parisiens bourgeois et des racailles de banlieue, j'ai fusionné une veste classique de costume avec la matière plus street qu'est le molleton. J'ai écrit au dos "We don't play" : nous ne jouons pas le jeu de la société qui cherche à nous enfermer dans des cases. À l'intérieur de cette veste hybride, j'ai rajouté "être en harmonie avec soi-même, et le monde qui nous entoure", ce qui est devenu la nouvelle direction d'Homecore.

C’est ce principe d’harmonie qui t’inspire ?

Oui, c'est ce que ressent l'homme en lui-même et avec son environnement, quand il se recentre sur lui-même pour mieux comprendre le monde. C'est pourquoi je construis les vêtements en fonction de l’anatomie, du temps qu'il fait dehors et ensuite d'un point vue esthétique.

C'est une philosophie que tu appliques aussi dans ta vie personnelle ?

Oui, car j'ai pris conscience que nous étions tous de plus en plus déconnectés de notre propre centre. C'est pour ça que mes vêtements cherchent à souligner le centre de gravité du corps ou la colonne vertébrale à travers des surpiqûres. Avant, j'essayais d'éveiller les consciences de manière plus frontale : quand j'étais en soirée, je touchais les gens sans prévenir, les massais et les invitais à réfléchir ensemble à une nouvelle façon d'être au monde. On était en 2003, avant la vogue du yoga, donc tout le monde me prenait pour un fou (rires) ! Maintenant, mes vêtements parlent pour moi, et quand je sens une occasion, j'invite mes proches ou des clients à venir aux réunions Gumjo.

C'est quoi le Gumjo, en fait ?

Le mot vient d'une contraction de costume-jogging, clin d'oeil à la veste de costume en molleton qui synthétise bien ma philosophie. Devenu accro aux étirements, j'ai inventé une sorte de grand cocon en matière élastique, la même que celle utilisée pour les combinaisons de surf. C'est une boucle très solide qu'on peut donc fixer n'importe où pour s'étirer, se relaxer, se reposer et se recentrer. Depuis 3 ans, le premier dimanche de chaque mois, je convie tous ceux qui veulent à en pratiquer en communion.

Le Gumjo fait partie de ta routine matinale ?

Oui, tous les matins je me lève entre 6h30 et 7h30 naturellement, je bois au moins 1/2 litre d'eau, puis je m'accroche au Gumjo pour méditer au moins 5 minutes. Ensuite, je fais mes étirements du matin : une série de positions debout et accroupi à maintenir pendant 3 respirations. Après, je fais entre 50 et 70 pompes et je vais dans la salle de bain.

Tu utilises quoi dans la salle de bain ?

Pour me laver le crâne, le visage et le corps, un pain de savon Pur Végétal de Dr. Bronner me convient au quotidien. Une à deux fois par semaine, je pique le shampoing Rahua de ma copine pour laver ma barbe. Après la douche, je m'hydrate le corps avec l'Huile régénératrice à la Grenade de Weleda. Elle sent super bon ! Je petit-déjeune du yaourt grec avec de la compote et des amandes, ou des blancs d'oeuf au fromage et je suis prêt à enfourcher mon vélo pour quitter le XVIIIe et arriver au bureau dans le IIIe pour 8h30-9h.

Que fais-tu pour ton crâne ?

Je ne me rase pas le crâne mais le tonds à ras donc je n'ai pas besoin de mousse à raser. L'été, je fais très attention à mettre une protection solaire, généralement l'Huile solaire Avène. Par le passé, j'ai eu plusieurs coups de soleil, donc maintenant je ne m'expose plus entre 11h30 et 15h, et je me badigeonne toujours de crème solaire.

J'ai remarqué que tu te balades tout le temps pieds nus. Est-ce que ça nécessite un entretien particulier ?

Effectivement, comme je suis souvent pieds nus, ils deviennent secs et j'aimerais bien trouver une parade à ça ! Je faisais très souvent des pédicures quand je vivais à Berlin car j'accompagnais ma copine et j'adorais ce moment de détente à deux. À Paris, je n'ai pas trouvé de lieu qui me donnait envie. Il faut qu'Horace ouvre un institut !

Le produit d'Alexandre Guarneri