Habitudes, rituels et petites manies : La routine n’est pas toujours votre pire ennemie Habitudes, rituels et petites manies : La routine n’est pas toujours votre pire ennemie

Habitudes, rituels et petites manies : La routine n’est pas toujours votre pire ennemie

Décryptages

Photos Bill Murray dans Un Jour Sans Fin / Columbia Pictures

Texte Pierre d'Almeida

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Depuis ces trop longues semaines de 2020 et 2021, passées à faire 20 fois par jour le même trajet entre le canapé et la cuisine, difficile de croire que la répétition puisse être une solution ? Et pourtant…

Vous êtes du genre à snoozer le réveil jusqu’à ce que le risque de perdre votre emploi devienne plus fort que votre envie de dormir ? Alors vous aurez certainement du mal à partager la fascination d’Internet pour les routines matinales des puissants de ce monde. À comprendre comment une recherche Google “celebrity morning routines” peut se transformer en 22 millions de résultats. À saisir pourquoi autant de gens peuvent s’intéresser à ce qu’Oprah Winfrey fait entre 8h30 et 9h - des « exercices spirituels », d’après cet article de Harper’s Bazaar -, ce qui occupe les journées de Bill Gates - fractionnées en segments de cinq minutes, d’après Business Insider -, ou ce que faisait Steve Jobs au saut du lit - une séance d'introspection face au miroir, comme il l’expliquait en 2005 dans un discours à Stanford

Les routines pour un max d’efficacité ? 

Certaines de ces routines peuvent toucher à l’absurde. En 2018, Mark Wahlberg expliquait se lever à 2h30 du matin, manger sept repas par jour, et trouver le temps de glisser deux séances de muscu avant de se mettre au lit à 19h30. Pour autant, gare à jeter le bébé avec l’eau du bain. Les routines et les habitudes peuvent être de bonnes choses. D’après Bas Verplanken, professeur de psychologie sociale à l’Université de Bath et spécialiste de l’étude des habitudes mentales et comportementales : « Comme pour tout, ritualiser sa vie “à l’extrême” fait entrer dans le champ de la pathologie, toutefois les habitudes permettent de traverser la vie de manière efficace, explique-t-il à Horace. » Elles permettent alors de s’imposer un cadre, qui vient souvent avec des objectifs clairs. Au travail aussi, « les routines peuvent être importantes. Par exemple, pour garantir la santé et la sécurité des employé.e.s », ajoute l’expert. On pense à ces boîtes qui simulent régulièrement des alertes incendie pour préparer les collaborateurs et collaboratrices. 

Les routines comme refuges 

Encore perplexe ? Ce n’est pas parce que vous décidez de mettre notre sérum anti-cernes tous les jours que vous allez vous transformer en robot sans âme. Et nul besoin de faire une Wahlberg pour mettre en place une routine efficace. Interrogé par Horace, Benjamin Spall, co-auteur en 2018 de My Morning Routine: How Successful People Start Every Day Inspired (Penguin), précise que « l’intention ne doit jamais être de reproduire la routine de quelqu’un d’autre. Pour moi, l’idée de la morning routine, c’est de commencer sa journée avec des intentions, et d'amener ses “petites victoires matinales” avec soi dans le reste de la journée. » Sans forcément faire de vous le prochain Elon Musk, elles pourraient aussi simplement jouer un rôle de refuge, comme le rappelle Bas Verplanken : « la pandémie de Covid-19 a bousculé pas mal d’habitudes, mais beaucoup en ont aussi développé de nouvelles, qu’elles concernent l’hygiène, la pratique sportive ou le travail à la maison. Certaines vont peut-être se maintenir. Il se pourrait en effet qu’elles offrent un certain sentiment de sécurité lors de périodes aussi troublées. »